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Juste à temps, avant que nous pénétrions dans l’hiver, je vous propose un texte encore de saison bien qu’écrit au printemps de ma vie.
Automne
Automne, C'est le nom qu'il m'a donné Lorsque marchant dans cette rue Toujours la même Je fis ce geste, sans le vouloir Et il m'a regardé Ses yeux étaient couleur d'ennui Je ne savais pas ce qu'il voulait Est-ce à cause de ma main Qui se leva en un geste amical Alors qu'il était devant moi ? Il n'a dit rien de plus que ce nom Comme si cela devait suffire Pour nous comprendre. Je sentais qu'il fallait que je dise un mot Comme en réponse Mais c'était impossible. Et il était toujours là Son visage jaune tourné vers moi A ce moment aurais-je du fuir Revenir sur mes pas ? C'était trop tard Il m'avait accroché Cloué sur ce trottoir Le poids du temps Me collait à la peau Comme celui-ci, en face... Tout, en lui, sentait le fané, Jusqu'à ses dents, que je ne voyais pas Mais dont j'ai la certitude Qu'elles étaient de la même couleur Que son visage, ses mains Ses habits et même sa pensée Un ocre sale, fripé Entièrement desséché Par un soleil antérieur. Des jours passèrent ainsi Sans que rien ne changeât Je me sentais devenir, petit à petit Comme lui, aussi miséreux Rongé par l'habitude. Et un matin, je me rappelle Un homme vint vers nous Il nous fit signe de la main Et il s'arrêta Alors je lui dis mon nom : Automne. (Saint-Brieuc 03/10/75)
Voilà plus de deux ans nous étions en plein confinement covidien et nous étions très limités dans la plus élémentaire des libertés, celle de nous déplacer. Il fallait bien nous occuper et, moi aussi, je me suis commis dans le déversement en faisant le « con » finement sur les réseaux sociaux. Que ceux qui seraient choqués par la grossièreté du mot « con » et de son extension « connard » se bouchent les oreilles …
Aujourd’hui, en ce début décembre 2023, en pleine campagne pour la vaccination contre la grippe et la covid 19, il m’a semblé intéressant de publier à nouveau le texte.
Dessine-moi ce connard de virus
(inspiré par Rostand et Saint-Ex) Enfantin : il a deux jambes, deux bras et un gros ventre. Il est méchant et fait rien que nous embêter. Breton : il a une tête de kouign amann sans beurre : horrible ! Soignant : il avance masqué, pas moi. Du matériel pour l’hôpital, pas la charité ! Pessimiste : il va tous nous tuer Romantique : pas moi, dit Ponce-Pilate Optimiste : il va tous nous tuer mais on s’en sortira un jour Théatral : pas moi dit Sartre, j'ai les mains sales Royal : vive la couronne ! dit Ubu, et le roi est mouru Littéraire : c’est un chinois ; ma mère, elle voulait un barrage contre le Pacifique pour l’empêcher d’envahir nos terres. Marinier : il faut empêcher la circulation de ce virus étranger, fermer nos frontières et appliquer la préférence nationale de la bonne grippe saisonnière bien française. Jupitérien : Sus à notre ennemi ; la France est en guerre et doit être unie (sic) contre le casque à pointe. Chiraquien : bien frais, bien mousseux, le coronard, il ne peut pas faire de mal, surtout à moi maintenant Scientifique : avec son diamètre de 100 nm, soit 100 milliardièmes de mètre, si on le multiplie par le nombre d’habitants sur terre de près de 8 milliards, il pourra atteindre une taille de 800 mètres si chaque habitant est infecté par un virus, soit presque la distance maximale autorisée pour se promener. Biblique : c’est le combat de Covid contre Goliath mais il n’y a pas de raison que ce soit toujours les plus petits qui gagnent Alcoolo : il me ressemble en fin de journée Ecolo : qu’on cache cette espèce, à vrai dire bien trop space ! Confinés : le corona, il a une tête de lynx ou de canard ? c’est quoi dehors ? où ai-je donc mis l’ouvre-boite ? Cons finis : moi, il peut toujours courir pour m’attraper ! (joke-jog-joke-jog) Liste non exhaustive, à tes crayons pour l’illustration ! Et puis, si tu n’y arrives pas, dessine-moi un mouton …
(publié une première fois le 19 avril 2020)
Parce que cet hiver 2023-2024 n’est pas conforme à notre mémoire collective, je vous entraîne quelques années en arrière pendant l’hiver 1975-1976, à une époque où on pouvait voir tomber la neige, même sur les plages de Bretagne. Il s’agit d’un texte écrit il y a presque cinquante ans, extrait d’un roman avorté, Philéas et Arthémon ; on peut y voir quelque peu l’influence de Boris Vian.
Drôle de week-end
Le chat était parti comme il était venu mais le reste n’avait pas changé. Les deux fois deux ampoules dont une n’éclairait jamais, séparées par un christ, comme deux maudits, un certain vendredi ; le lit mal prévu pour deux personnes ; la guitare boudant dans son coin, fâchée avec le piano ; la grosse table-bureau où il allait écrire ; les deux interrupteurs de chaque côté du lit, qui envoyaient à la chaise les deux maudits ; le téléphone, objet insolite dans cette chambre d’écrivain ; armoire et lavabo qui entouraient la porte ; et le radiateur qui toussait de plus en plus. Salaud d’Hiver…
Quelques pas lui firent draguer la table et leurs pieds se frottèrent amoureusement
Drôle de week-end ; triste week-end.
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Voici un poème tout pimpant exhumé d’un fond de tiroir, sans date précise, produit au printemps de ma vie, à la même époque que le texte précédent. Probablement écrit à la campagne, il la sublime et fustige au passage le monde urbain.
Le printemps
Il est revenu enfin avec ses ailes dorées
Comme un vol d'hirondelles
Il s'est dessiné dans le bleu du ciel
Revenant de loin, une fois l'Hiver passé.
C'est le Printemps avec son soleil opalescent
Qui nous réchauffe tendrement le cœur
Qui apaise l'esprit et fait régner la douceur
C'est la brise discrète qui régénère le sang.
La Nature reprend son souffle un moment retenu
Elle revêt son costume d'apparat
Éclatante de couleurs, fière comme le naja
Se gavant de la sève si longtemps attendue.
Les tiges éclatent, sevrant de leur jus
Le sol envahi par le tapis verdoyant
Que parsèment gaiement les fleurs des champs
Par la rosée du matin déjà repues.
La Terre frémit et dans son cœur battant
Mille et mille êtres s’animent, joyeux,
Sentant que ce moment de l’an sera le plus heureux ;
Ils veulent créer vite cet univers que la Nature attend.
Au-dessus, sous le doux soleil du bonheur
C'est la saison des amours sacrés ;
Un passereau promet à sa compagne un nid douillet,
Un coq chante sa fierté et offre à sa belle son cœur.
A côté, à quelques habitats de là, d'autres animaux
Essayent de retrouver ce cœur qu'ils ont perdu ;
Ils sentent le parfum de la Liberté qu'ils ont connue,
Un jour. Certains la retrouvent sans peine dans l'eau,
Dans la terre, dans le ciel, assis, debout
Rêvant, frémissants, enfin heureux.
D’autres sont prisonniers dans des cités de peu ;
Ils y sont à jamais ; c’est l'Hiver dans leur trou.
Les pauvres ! alors qu'à côté d'eux
Tout est félicité et vie sans limite
La Nature est là aussi belle qu'un mythe,
Écoutez sa chanson qui ère dans les cieux.
Rouge, bleu, jaune éclatent
Tel un arc-en-ciel soutenant l’immense mer
Où ne dérivent, retournant vers leur terre,
Que ces lointains nuages blancs, reste de l'Hiver sans tête.
(1975-1976 ?)
Ce début d’été 2024 se révélant tumultueux, réfugions-nous dans les années 60, les années de mon enfance. Allons à Trébeurden, en ce qui était les Côtes-du-Nord – dans la maison d’été de mes grands-parents paternels – et à Burie, en Charente-Maritime – dans ce havre de paix qu’était la maison de mon arrière-grand-père, du côté de ma grand-mère paternelle. On fera entre ces lieux un petit arrêt entre les deux destinations, au milieu de l’eau, sur le Gois de Noirmoutier .