J’écris (3)


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« Avec le temps va, tout s’en va » … même la nostalgie de Ferré !

Je vous propose quelques variations temporelles sur le sujet.


Tu as demandé du temps ? En voici tout autant :

Près d’un étang, sous le vent d’autan
On a trouvé des taons
Des mutants, des battants, des militants
Et tant et tant tentants.

Un tantinet plus loin, en Tanzanie
On a rencontré tante Annie
Plongée dans les tentra.
Assise sur le culte elle tentera
Tantôt sous la tente
Tantôt dans l’attente
D’éviter tentations
De léviter sans tension.

Sa première tentative tangible
À Tanger est possible ;
Mais elle cède au supplice de Tantale
Tant et si bien qu’elle s’étale :
Devant le beau Tancrède
Tentée, elle tombe raide.

Enlacée dans ses tendres tentacules,
Tanguant jusqu’aux bouts des mules
Latente d’amour détente
De postures éreintantes
Tant pis pour le Karma
Elle attente à Bouddha.

Finies les tentaculaires attentes
De béatitudes méritantes !
Le Nirvana en poste restante !
Dehors les prétentions pas partantes !
Tante Annie a découvert à temps
Qu’au présent se prend le temps.

(Amusette pour Maela – in Chambres de bonnes 17/12/2006)


Le texte suivant a vingt ans. Bel âge, ma fois ! Il m’a servi de texte de vœu pour la nouvelle année mais aussi pour le nouveau siècle … et le nouveau millénaire. Collector.

Pour celui qui connait mon écriture, c’est aussi un clin d’œil au roman alors en début d’écriture.

Un

Ainsi il fallait le commencer. C’est toujours plus facile de commencer que de continuer.

Commencer un nouvel ouvrage ; commencer un nouveau siècle voire un millénaire. C’est trop vite oublier que le siècle précédent lui est fini et bien fini ; on n’a plus à y revenir. Tandis qu’une vie n’est pas terminée, ni un jour. On voudrait bien qu’il fût. Mais rien n’y fait : il nous colle à la peau et on n’y peut rien. Ou on n’y veut rien. Quoique. Le jour qui finit est une sorte de suicide. C’est pas facile d’être suicidaire. Du suicide on n’a que l’air mais on s’y accroche à cette vie qui n’en finit pas.

Tandis que le temps chronométré, personne ne s’y accroche, on le laisse filer, on fête même sa disparition. Le vingtième siècle, oui je l’ai bien connu, mais tout ça c’est du passé, pourquoi en parler…

C’est trop facile : assassiner le temps passé alors qu’on n’est même pas capable de porter notre vie, si petite, si humble, si désespérante, si simple. On se débarrasse à bon compte de ce qui nous encombre. Tiens cette veste est trop étroite, il faudra en acheter une autre. Mais la vie, ce n’est pas cela. Elle y tient à son temps, elle ne veut pas s’en débarrasser.

Un jour, il faudra supprimer les calendriers et regarder le temps passer ou au moins le voir passer. D’aval en amont puis vers la mer, vers l’homogénéité des origines et vers les abysses qu’on ne peut qu’imaginer. Mon millénaire à moi, il est ainsi, le temps d’une vie.

(in Chambres de bonnes– 8 janvier 2001)


Presque 20 ans après, un autre vœu, un autre style. Le texte illustrait une photographie prise lors de la visite de l’exposition 2019 du FHEL, à Landerneau, pour une part consacrée à la collection de sabliers de Jacques Attali.

Le temps

le temps passe,
repasse et ressasse
sans cesse
sans que rien ne s'efface
il s’étire, se cire, se mire
se tire sans finir
s’enlace
sans laisse

(in Chambres de bonnes - 
vœu 2020)

Finissons cette rubrique par un raccourci très définitif, au style plutôt tranchant !

Oublie la vie

Tic

Tic-tac
Petit
Tic-tac
C’est fini

Tac

                    Clic

                   Le temps raccourcit
                   Clic-clac
                   La tête est partie

                  Clac

(in Chambres de bonnes – 6 mars 2009)


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